Faut que ça swing !!!

 

Faut que ça swing

 

J’aborde aujourd’hui  un sujet qui me tient à cœur. J’ai le bonheur de chanter du jazz depuis longtemps, que ce soit des grands standards américains ou français. Pour manifester son contentement, le public tape souvent les mains, pour marquer le rythme. Et c’est là que j’ai envie de dire STOP  ! ARRÊTEZ TOUT !!! Ben oui, faut que ça swing mes amis, faut que ça SWING !

 

Pour certains ce mot ne signifie pas grand chose, pour d’autre c’est un terme de golf… Mais pour les vrais amateurs de jazz, mélomanes, danseurs, musiciens ou encore chanteurs, le swing est (ou devrait !) être chevillé au corps. En effet, pas de swing, pas de jazz 🙂

 

Nous allons passer en revue ici comment est apparu le swing, pourquoi il est si naturel pour certains et pas d’autres et, du fait,  comment acquérir ce sens du swing… C’est parti pour un peu d’histoire, un peu de solfège rythmique, le tout mêlé de Zazou zaaaa…

 

L’héritage musical Français

 

Sans remonter trop loin dans le temps et pour faire court, disons qu’avant la guerre 39/45 nous connaissions en France (et plus largement en Europe) la musique classique et la musique populaire, folklorique. Les Français allaient au bal et dansaient sur des marches, des bourrées, des polkas, des valses… Sur des rythmes à 4 temps, les premiers et troisième temps sont « les temps forts », marqués par la grosse caisse notamment. Les temps faibles, le 2 et le 4, passent à la trappe. Et effectivement, on tape dans les mains aussi sur les temps 1 et 4 sur ces musiques, c’est naturel, ça vient tout seul.

 

La naissance du jazz

 

Faut que ça swingPendant ce temps là, de l’autre côté de l’Atlantique, un joyeux mélange était déjà sérieusement en marche depuis le début du siècle. Là aussi pour faire (très!) court,  les métissages humain et culturel des colons européens et des esclaves noirs dans le sud des États Unis avaient donné naissance au jazz, dans ses premières formes. Les racines de cette musique sont les négros spirituals, les work-songs, puis le blues, le ragtime…  En 1917 le premier disque de jazz est enregistré par l’Original Dixieland Jass Band (quintette de musiciens blancs) et à la même époque, le pianiste et chanteur Jelly Roll Morton, lui même métisse, se disait l’inventeur du jazz… Au début des années 30 les précurseurs du swing s’appellent Louis Armstrong ou encore Fletcher Henderson. C’est l’ère dorée des grands ensembles, les big bands, comme ceux de Count Basie, Bennie Goodman, Duke Ellington, Glenn Miller un peu plus tard.

 

Le jazz en France

 

Faut que ça swingEn France, tout cela ne nous perturbe guère jusque dans les années 30 ou le jazz  fait ses débuts timides. L’association Le Hot Club de France crée la revue Jazz Hot et fait la promotion du quintet de Stéphane Grapelli et Django Reinhart. Pendant ce temps, dans les premiers clubs on peut applaudir des artistes comme Charles Trenet et son comparse Johnny Hess, inventeur de la chanson Je suis swing, en 1938.

 

 

La guerre 39/45 va tout précipiter et notre paysage musical sera, lui aussi, très bouleversé. Comme quoi, les événements les plus douloureux peuvent apporter dans leur bagages des petites merveilles… Les américains nous ont sauvés, pas seulement sur un plan politique ! Enfin, le jazz français allait vraiment se mettre en marche… Enfin, de plus en plus de Français acquièrent le sens du swing !

 

Le swing ?

 

Faut que ça swingSwing en anglais, ça veut dire balançoire ou balancer pour le verbe. Dans les comédies musicales américaines et anglo-saxonnes, les artistes qui tournent de rôle en rôle sont appelés ainsi. Il leur faut être en effet particulièrement adaptables, avoir une souplesse d’esprit. Pour avoir le sens du swing en musique, c’est pareil, cela demande de la légèreté! Oui, le swing c’est léger, ça rebondit, tout le contraire de la bourrée, martelée par les sabots des danseurs folkloriques.

 

En musique, le swing est donc une pulsation rythmique, mélange de la mesure ternaire ( 3 notes sur 1 temps), très courante dans les rythmes africains, et de la mesure binaire européenne (2 notes sur un temps). Ces deux notes, des croches donc, n’ont pas la même valeur, la première dure plus longtemps que la deuxième. Et pour que ça swing,  c’est elle, la plus courte, qui est accentuée. Pour reprendre les explications plus haut, les temps « faibles », 2 et 4 , sont accentués par rapport au temps « forts », 1 et 3. Pour autant ces derniers ne sont pas gommés, tout est question d’équilibre, de balance justement !

 

Concrètement, le batteur ferme le charley ferme sur le 2 et le 4, et pas que mais c’est la base, le contrebassiste accentue les deuxième et quatrième temps. Et pour ne pas déstabiliser les musiciens et pour que ça swing, le chanteur ou la chanteuse est prié de bien vouloir montrer l’exemple au public :-)  On tape dans les mains aussi sur ces deux temps là !

 

J’espère avec cet article vous avoir donné l’envie de swinguer vous aussi ! D’ailleurs, vous mes amis, vous tapez des mains sur quelle pulsation ? Vous ne savez pas ?! Eh bien, sortez un bon cd de jazz de sa pochette et écoutez avec attention les musiciens d’abord, entrainez-vous ensuite. Amusez-vous ! Faites des essais, vous sentirez vite que, assurément, c’est sur les temps faibles que ça swing. Vous pouvez aussi aller sur ma page audio et écouter Hello Dolly.   Ensuite, je vous invite à partager votre expérience ci-dessous, dans les commentaires 🙂

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2 commentaires sur “Faut que ça swing !!!”

  1. Bonjour!
    Cet article me parle ! je fais du lindy hop et charleston, et mon amie et prof nous répète souvent exactement le contenu de cet article sur les temps 😉
    Je vais chanter avec un petit groupe swing pour la première fois à la fin du mois, j’ai hâte et je suis terrorisée à la fois . Précision, j’adore chanter on ne me force pas ^^
    je voudrais arriver à m’amuser mais je n’ai pas la voix d’Ella ou Billie…je suis plutôt sur le registre de Marylin Monroe je pense.
    Je prends tous les conseils , merci!

    1. Ne jugez pas votre voix Solène ! Les grandes chanteuses de jazz ont ou avaient toutes des voix très différentes. Justement celles d’Ella et Billie Holiday étaient très éloignées. Je pense aussi à Hélen Meryll, Anita O’Day, plus proche de nous Stacey Kent, chacun son style… Allez là où vous vous sentez le plus à l’aise, ne cherchez pas à imiter qui que ce soit.

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